Troubles du rythme
1) Généralités
La bradycardie sinusale correspond à un ralentissement de la fréquence cardiaque en-deça de 60 battements par minutes.
2) Etiologies :
- Médicamenteuses : bêta-bloquant, amiodarone, clonidine, digitale, diltiazem
- Pathologies extracardiaques : hypothyroïdie, hypothermie, ictère
- Physiologique : le sommeil, le repos, sportif.
- Pathologies cardiaques : infarctus inférieur
3) Electrocardiogramme :
Onde P régulières d’aspect normal, toutes suivies de complexes QRS normaux.
4) Traitement :
De la cause sous-jacente.
1) Définition :
La fibrillation auriculaire est l’une des arythmies les plus fréquentes. l’oreillette se contracte de manière tout à fait désordonnée, on parle de contraction vermiculaire; le rythme des contractions oscillent entre 350 et 600/min.
Sa prévalence augmente avec l’âge : 0.5% entre 50-60 ans, 8 à 10% après 80 ans.
Le risque de formation de caillots dans l’oreillette est élevé en raison de la stase sanguine à l’intérieur de celle-ci. Des petits bouts de caillots peuvent se détacher ( = embols) et passer dans la circulation générale via l’aorte et aller boucher un petit vaisseau artériel dans le cerveau (accident vasculaire cérébral), dans le rein (insuffisance rénale) ou ailleurs. le médecin prescrira des médicaments fluidifiant le sang, pour empêcher un caillot de se former.
2) Etiologie :
- idiopathique
- toutes cardiopathies (surtout cardiomyopathies)
- valvulopathies mitrales
- hyperthyroïdie
- communication interauriculaire vieillie
- embolie pulmonaire
- péricardites
- post-chirurgie cardiaque
3) Les symptômes :
Liés aux contractions (palpitations, dyspnée) irrégulières (arythmie, tachycardie) mal ressenties par le patient. Surtout marqués dans le formes paroxystiques.
4) Electrocardiogramme :
Rythme irrégulier, oscillations de la ligne de base sans ondes P.
5) Traitement :
Le médecin pourra donner un médicament antiarythmique (cordarone, sotalex) pour contrôler le rythme et revenir à un rythme sinusal régulier ( = cardioversion médicamenteuse).
Si le retour en rythme sinusal régulier n’est pas possible avec les médicaments, le médecin pourra tenter un choc électrique externe pendant une légère sédation ( = cardioversion électrique).
Si malgré tout, le rythme ne redevient pas régulier, on se contentera de contrôler la réponse ventriculaire à l’aide de médicaments (Beta-bloquant, dérivés de la digitale, anticalciques…).
Il faut dans tous les cas faire la prévention des accidents thromboemboliques par aspirine ou sintrom en fonction des facteurs de risque.
1) Généralités :
Forme rare de trouble du rythme auriculaire, lié à un foyer automatique ou de réentrée. Le rythme auriculaire est de 150 à 200/min et la réponse ventriculaire est fonction du degré de bloc auriculo-ventriculaire.
2) Etiologie :
Intoxication digitalique (2/3 cas)
3) Symptômes :
Liés au trouble du rythme.
4) Electrocardiogramme :
Rythme auriculaire ectopique, ondes P différentes des ondes P sinusales, bloc AV variable.
5) Traitement :
Arrêt de la digitale, supplément de potassium, lidocaïne IV ou bêta-bloquants.
1) Définition :
Se définit comme une variation phasique de la longueur du cycle cardiaque > 10 %. C’est la forme la plus fréquente d’arythmie et presque toujours asymptomatique.
2) Etiologies :
- Physiologiques : variations respiratoires liées aux modifications de la balance ortho-parasympathique.
- Médicamenteuses : intoxication digitalique
3) Electrocardiogramme :
Ondes P irrégulières d’aspect normal, toutes suivies de complexes QRS normaux. Ralentissement progressif à l’expiration.
4) Traitement :
Aucun sauf celui de l’intoxication digitalique.
1) Définition :
Se caractérise par une activité électrique ventriculaire totalement désorganisée, dont le rythme oscille entre 150-300/min et qui ne s’accompagne pas d’activité contractile. Entraîne le collapsus circulatoire endéans les 3-5 secondes en position verticale, 5-10 secondes en position couchée. Décès quasi systématique en l’absence de cardioversion.
2) Etiologie :
Les mêmes que les tachycardies ventriculaires.
3) Symptômes :
Mort subite
4) Electrocardiogramme :
Oscillation à plus ou moins larges mailles sans complexes QRS discernables.
5) Traitement :
- Cardioversion électrique (300 joules)
- Massage cardiaque externe.
- Défibrillateur implantable.
1) Généralités
Les flutters auriculaires sont caractérisés par un rythme atrial entre 250 et 350 par minute avec une conduction auriculo-ventriculaire de type 2/1. La fréquence ventriculaire est donc de 150/min. Ils sont dus à un circuit de réentrée à la base de l’oreillette droite.
2) Les causes :
Voir fiche de la fibrillation auriculaire (identique)
3) Les Symptômes :
Le flutter 2/1 est souvent mal toléré : fatigue, décompensation cardiaque.
4) Electrocardiogramme :
– Ondes de flutter (ondes F en dents de scie bien visible en DII)
– Réponse ventriculaire typiquement 2/1, parfois plus variable.
– Le massage du sinus carotidien démasque les ondes F.
5) Le traitement :
Remise en rythme sinusal :
- – Pharmacologique : digitale, amiodarone, sotalol
- – Overdrive (électrostimulation atriale à un fréquence plus élevée que le flutter). Risque de passage en FA.
- – Choc électrique externe.
- – Ablation par radiofréquence.
Précautions :
Les antiarythmiques de classe 1 (quinidine, flécaïnide) peuvent ralentir la fréquence du flutter jusqu’à +/- 200/min et favoriser une réponse ventriculaire 1/1 avec collapsus.
1) Définition :
Se définit comme un arrêt sinusal lors de la stimulation sino-carotidienne. Peut être accompagnée de Bloc auriculo-ventriculaire complet. Lié à une hyperstimulation vagale. Existe sous 2 formes : cardio-inhibitrice et vasoplégique.
2) Etiologie :
Inconnue
3) Symptômes :
Syncopes +/- brutales, déclenchées par la rotation de la tête ou un col très serré. Dans la forme vasoplégique, chute de la tension de 50 mmHg asymptomatique ou 30 mmHg + symptômes.
4) Electrocardiogramme :
Arrêt sinusal (pause) > 3 secondes au massage du sinus carotidien.
5) Traitement :
Pace sentinelle dans les formes cardioinhibitrices.
Dénervation chirurgicales dans les formes vasoplégiques.
Troubles du rythme
1) Etiologie :
Aiguë : infarctus (inférieur : supra-hissien; antérieur : infra-hissien), inflammation ou infection, tumeurs, médicaments.
Chroniques : congénital, dégénerescence, calcifications, traumatiques
Formes :
1er degré : simple allongement du PR
2ème degré :
Type I : raccourcissement progressif du PR suivi de pause
Type II : PR fixe, P non suivis de QRS 3:1, 4:1
3ème degré : bloc AV complet, dissociation auriculo-ventriculaire.
Symptômes :
1er et 2ème degrés : souvent aucun sauf si bradycardie.
3ème degré :
Aigu : syncope d’Adams-Stokes.
Chronique : fatigue, dyspnée, angor.
Etiologies :
Aiguës : infarctus, inflammation, infections, tumeurs, médicaments.
Chroniques : dégénerescence, calcifications, traumatiques, cicatriciels
Symptômes :
Aucun
Pronostic :
BBG souvent associé à cardiopathie.
BBD et infarctus antérieur : mauvais.
Etiologie :
Stimulation vagale, myocardites, infarctus atrial, maladie du sinus, médicaments (quinidine, digitale)
Formes :
1er degré : diagnostic quasi impossible
2ème degré : raccourcissment progressif du PP suivi de pause;
3ème degré : absence de P sinusaux.
1) Généralités
C’ est une anomalie de la conduction de l’influx nerveux dans le coeur qui provoque une tachycardie intermittente.
2) Les symptômes
Il s’agit de crises de palpitations à début et fins brusques, sans aucun élément déclenchant. Un élément souvent rapporté est la régularité de la tachycardie. L’anxiété dépend du degré d’accoutumance du patient à cette tachycardie.
Une émission abondante d’urine est fréquente après la crise.
Parfois, lorsque le malade à l’habitude de ces crises, il les fait disparaître en réalisant des petits gestes tels que la provocation du réflexe nauséeux, la compression des globes oculaires ou encore le massage de l’artère localisée au niveau du cou, l’artère carotide.
3) Le diagnostic
l’électrocardiogramme par le médecin, en période de crise, est l’élément primordial. Il montre une tachycardie régulière, battant à 180-200/min.
4) Le traitement
Son traitement repose actuellement sur l’ablation du noeud.
1) Définition :
Syndrome formé de plusieurs anomalies combinées de la fonction sinusale :
Bradycardie sinusale, bloc sino-auriculaire, arrêts sinusaux, tachyarytmies atriales
2) Etiologies :
La fréquence augmente avec l’âge (“les cheveux gris du coeur”)
Toutes pathologies cardiaques atteignant les oreillettes.
Séquelles post-opératoires de CIA.
3) Symptômes :
Dépendent du rythme, alternance de palpitations, de malaises lipothymiques. Redouter les accidents emboliques.
4) Electrocardiogramme :
Alternance de rythme sinusal, de pauses (avec échappement), d’accès de tachyarythmie. Bloc A-V associé possible.
5) Traitement :
Difficile.
Eviter les drogues interférant avec la fonction sinusale (bêta-bloquants, digitale).
Si le tableau clinique est dominé par des symptômes liés à la bradycadie : pace-maker
Si tachyartyhmies associées : digitale, bêta-bloquants, anticoagulation.
1) Généralités
Cette maladie est définie comme la survenue d’une tachycardie intermittente, provoquée par une anomalie de la conduction de l’influx nerveux dans le coeur. Cette conduction d’influx nerveux entraîne une excitation précoce des ventricules: c’est le phénomène de préexcitation ventriculaire. Il s’agit d’une dépolarisation anormalement précoce des ventricules par une voie de conduction accessoire atrio-ventriculaire (faisceau de Kent). Il constitue donc un potentiel circuit de réentrée incorporant le noeud auriculo-ventriculaire et le Kent.
2) Symptômes :
Ce syndrome se manifeste par des crises de palpitations à début et fins brusques, sans aucun élément déclenchant.
3) Le diagnostic :
Pour établir le dignostic, un électrocardiogramme est indispensable et il met en évidence une anomalie bien connue sous le terme “onde delta” en rythme sinusal.
4) Le traitement
– En aigu : manoeuvres vagales (valsava, pression des globes oculaires, massage des sinus carotidiens, adénosine…)
– En chronique : ablation du faisceau par radiofréquence.
1) Généralités
Quels sont actuellement les critères de traitement des syndromes de QT long congénital symptomatiques ou asymptomatiques ? Place de l’enquête génétique dans l’indication thérapeutique ?
Compte tenu d’une mortalité de 50% à 10 ans, le diagnostic de QT long congénital implique, en règle générale, la prescription de béta-bloquants qui ont fait la preuve de leur efficacité dans la prévention d’événements cardiaques sévères.
En pratique courante, le problème est donc avant tout d’ordre diagnostique. Aujourd’hui, 3 anomalies sont retenues pour détecter, lors d’une enquête familiale, les sujets porteurs :
– QTc supérieur à 460 msec.
– QTc supérieur à 440 msec. associé à une bradycardie ou à une anomalie de l’onde T.
– Syncopes ou torsades de pointes documentées.
La présence d’un de ces critères impose donc un traitement que le sujet soit ou non symptomatique. Toutefois, chez le porteur asymptomatique, il faut y adjoindre la notion d’âge (moins de 15 ans) et d’antécédents familiaux (cas de mort subite dans la fratrie).
L’identification des gènes impliqués dans ce syndrome a été à l’origine d’avancées importantes. Dans le Romano-Ward (90% des cas), 5 gènes ont été jusqu’alors identifiés correspondant à 5 types différents : LTQ1, LTQ2 et LTQ3 sont les plus anciennement connus; LTQ5et6 sont de description récente; le gène de LTQ4 n’a pas encore été identifié. Les résultats de la génétique moléculaire ont conduit le clinicien à redéfinir le phénotype de chaque locus : la morphologie de l’onde T, l’adaptation de QT à l’effort et sa sensibilité aux agents pharmacologiques semblent être différents d’un locus à l’autre. Cette analyse de la relation phénotype-génotype est particulièrement prometteuse.
– Dans le syndrome LQT1 (gène KCNQ1 sur le chromosome 11), l’influence de l’âge et du sexe sur les événements cardiaques a été démontrée .
– Dans le syndrome LTQ2 (gène HERG sur le chromosome 7), le canal responsable du courant potassique IKr a deux caractéristiques : le courant s’amplifie quand la kaliémie augmente ce qui raccourcit le QT et à l’inverse il se réduit quand la kaliémie diminue ce qui augmente le QT, d’où une contre-indication formelle à la prescription de tout hypokaliémant. Par ailleurs les antihistaminiques bloquent IKr et sont de ce fait à éviter.
– Dans le syndrome LTQ3 (gène SCN5A sur le chromosome 3), l’onde T est normale mais précédée d’un ST long. Les sujets font des syncopes au repos et non à l’effort ou à l’émotion. Le traitement classique par béta-bloquant est déconseillé, ce qui peut faire envisager diverses possibilités : antiarythmique de la classe Ib, stimulation cardiaque, voire implantation d’un défibrillateur automatique. Le rapport de LQT3 avec le syndrome de Brugada a été évoqué.
Ainsi, l’analyse phénotype-génotype permettra probablement, dans l’avenir, de définir des stratégies thérapeutiques adaptées au gène impliqué. Pour l’heure, le travail de séquençage est long et coûteux. De ce fait, les critères de traitement du syndrome du QT long congénital restent encore essentiellement cliniques, à quelques exceptions près.
1) Généralités
La tachycardie sinusale correspond à une élévation de la fréquence cardiaque au-delà de 100 battement par minute.
2) Les causes
1/ Physiologiques : effort, stress, exercices physiques
2/ Pathologies extracardiaques : hyperthyroïdie, fièvre, anémie
3/ Médicamenteuses : atropine, adrénaline, caféine, théophylline
4/ Pathologies cardiaques : embolie pulmonaire, insuffisance cardiaque.
3) Electrocardiogramme :
Ondes P régulières d’aspect normal, toutes suivies de complexes QRS normaux.
4) Le traitement
Les tachycardies sinusales ne doivent pas être traitées en tant qu’arythmie. En effet, elles correspondent à une demande supplémentaire de l’organisme exigeant du coeur un travail accru visant à augmenter la quantité de sang arrivant dans les organes et les tissus ; en conséquence, le traitement sera celui de la cause. ex : paracétamol si fièvre,…
1) Définition :
Trouble du rythme grave et potentiellement mortel. Le plus souvent lié à un foyer de réentrée. Plus rarement secondaire à un foyer automatique.
2) Etiologie :
– Infarctus aigu du myocarde.
– Cardiopathie ischémique chronique.
– Cardiomyopathies.
– Myocardites.
– Effet pro-arythmogène des antiarythmiques.
– Dysplasie arythmogène du ventricule droit.
– Syndrome du QT long congénital.
– Idiopathique du VD ou du VG.
3) Symptômes :
Rarement bien tolérés. Lipothymies, syncopes, choc. Dégénèrent aisément en fibrillation ventriculaire.
4) Electrocardiogramme :
– Classique : tachycardie monomorphe à QRS larges
– Parfois : tachycardie polymorphe à QRS larges.
– Torsades de pointe (QT long+++)
5) Traitement aigu :
- Infarctus du myocarde : lidocaïne
- Autres circonstances : procaïnamide
- Torsade de pointe : sulfate de magnesium
- Cardioversion électrique externe
6) Traitement chronique :
- Post-infarctus : bêta-bloquant, sotalol
- Cardiomyopathie hypertrophique : amiodarone
- Autres : antiarythmiques suivant étude électrophysiologique.
- Défibrillateur implantable.
La dysplasie arythmogène du ventricule droit
1) Généralités
La dysplasie arythmogène du ventricule droit (DAVD) est une cardiomyopathie associant un remplacement fibro-adipeux progressif et transmural plus ou moins diffus du myocarde droit et des arythmies ventriculaires parfois graves.
2) Etiologie
La cause exacte de ces changements histologiques n’est pas parfaitement élucidée.
Trois mécanismes sont proposés:
1) Une atteinte myocardique génétiquement déterminée,
2) Des phénomènes inflammatoires et séquellaires de myocardite
3) Une apoptose.
Evoquer la possibilité de DAVD nécessite un haut degré de suspicion clinique. De même, confirmer le diagnostic de DAVD nécessite la présence d’un ensemble d’éléments cliniques et paracliniques suggestifs.
Cette mise au point traite les deux questions suivantes:
– Quand penser à une DAVD ?
– Comment confirmer le diagnostic ?
Quand penser à une DAVD ?
Le plus souvent, c’est devant une arythmie ventriculaire que la DAVD sera évoquée (des ESV isolées et en salves, ou surtout une tachycardie ventriculaire soutenue). La tachycardie ventriculaire (TV) pouvant être spontanément déclenchée, ou induite lors d’une stimulation ventriculaire programmée. Cliniquement, il peut s’agir de palpitations, lipothymies, syncopes ou même d’une mort subite récupérée.
En pratique, deux éléments doivent pousser à rechercher une DAVD devant cette arythmie: sa morphologie particulière et l’absence d’aucune autre cardiopathie arythmogène (essentiellement cardiopathie ischémique, cardiomyopathie dilatée ou hypertrophique).
La morphologie de l’arythmie est assez particulière: dans la majorité des cas, la TV est à type de retard gauche, l’aspect est celui d’un bloc de branche gauche dans les dérivations précordiales (>95% des cas). Cependant, cet aspect n’est pas spécifique de la DAVD, une TV à retard gauche a été également notée dans les cardiopathies ischémiques, les cardiomyopathies, TV sur c?ur sain….
Contrairement aux TV des cardiomyopathies dilatées et des TV post-infarctus, les déviations axiales extrêmes de QRS en cours de TV sont rares dans la DAVD: l’axe est très souvent compris entre -80° et +110° .
La découverte d’une DAVD devant un tableau d’insuffisance cardiaque reste exceptionnelle, l’insuffisance cardiaque survient habituellement après une longue évolution de la maladie, plusieurs années après le diagnostic.
Parfois, la DAVD sera recherchée chez des sujets complètement asymptomatique lors d’une enquête familiale de sujets atteints, ou devant des anomalies électriques ou échographiques.
Le diagnostic
Le diagnostic de la DAVD ne repose pas sur un examen unique pouvant signer la maladie, mais plutôt sur la présence d’un faisceau d’arguments cliniques et paracliniques suggestifs. Ceci explique la difficulté diagnostique dans certaines formes limites de DAVD.
Le patient atteint de DAVD présente souvent un profil clinique particulier, pouvant aider au diagnostic. Il s’agit fréquemment d’un adulte jeune: les premiers signes cliniques de la maladie apparaissent avant 40 ans dans plus de 80% des cas. Une prédominance masculine est retrouvée dans toutes les séries (sexe ratio: 2 à 3 pour 1). Des antécédents familiaux de mort subite ou de DAVD avérée sont retrouvés dans près du tiers des cas.
L’ECG en rythme sinusal peut orienter le diagnostic en montrant des signes évocateurs de la maladie; cependant un tracé normal ne permet pas d’éliminer le diagnostic, surtout au début de la maladie.
Les modifications électrocardiographiques intéressent le QRS et l’onde T: il peut s’agir d’une déviation axiale, de la présence d’un bloc de branche droit complet ou incomplet, d’un élargissement localisé du QRS, d’une onde epsilon, ou d’une inversion de l’onde T. Ce dernier signe est le plus classique et le plus fréquemment retrouvé dans la DAVD (66 à 100% des cas). Cette inversion des ondes T est le plus souvent notée dans les dérivations précordiales droites, parfois jusqu’en V5V6, et plus rarement en D2D3VF. L’élargissement localisé de QRS dans les dérivations précordiales droites semble être un signe aussi intéressant: une durée de QRS > 110 msec en V1V2, ou un rapport de durée de QRS V2/V4 > 1,1 ont une bonne sensibilité et spécificité.
L’ECG et surtout le HOLTER permettent de montrer et d’étudier les extrasystoles ventriculaires: le caractère polymorphe des ESV est fréquent témoignant de la présence de plusieurs foyers arythmogènes au sein du myocarde du VD.
L’ECG d’effort a un double intérêt: en raison du caractère adrénergique de l’arythmie, le test d’effort permet parfois de reproduire la TV, et éventuellement, de contrôler l’efficacité du traitement antiarythmique.
L’ECG à haute amplification peut être normal dans la DAVD; la prévalence des potentiels ventriculaires tardifs se situe entre 60 et 80%, elle serait plus élevée dans les formes diffuses et en cas de présence de TV soutenue. En revanche, dans les formes localisées, ou asymptomatiques, ou en cas de TV en salves, la prévalence est plus faible.
L’échocardiographie permet de rechercher les anomalies morphologiques ventriculaires droites ainsi que les troubles de la cinétique segmentaire du VD. Une éventuelle atteinte associée du ventricule gauche doit être également recherchée. Cependant, les cas de faux positifs et faux négatifs ne sont pas rares, et la fiabilité de la méthode parait douteuse pour certains. L’échographie transoesophagienne parait avoir une meilleure valeur diagnostique, mais sa place dans la DVDA reste à définir.
L’IRM est la méthode la plus prometteuse pour le diagnostic. Elle peut apporter des renseignements sur la structure, l’épaisseur, et la taille du VD ainsi que sa cinétique segmentaire et globale. Un hypersignal détecté dans la paroi myocardique est très spécifique de l’infiltrat adipeux. Une atteinte associée du VG peut être également recherchée. Cette technique récente nécessite des études supplémentaires afin d’évaluer sa sensibilité et sa spécificité dans cette maladie. Le scanner rapide (IMATRON) apporte également des renseignements morphologiques et fonctionnels importants.
L’angioscintigraphie isotopique avec analyse de phase de Fourrier permet d’étudier l’héterogénicité de la contraction ventriculaire droite, et de visualiser des zones d’hypokinésie, d’akinésie, ou de dyskinésie. La fraction d’éjection droite, et éventuellement gauche, peuvent être évaluées d’une façon fiable.
L’angiographie ventriculaire droite conventionnelle est classiquement considéré comme l’examen de référence dans la DAVD. Elle doit être réalisée d’une façon sélective en deux incidences différentes. Dans les formes diffuses, les anomalies angiographiques consistent en une dilatation cavitaire droite avec dysfonction systolique et baisse de la fraction d’éjection. Ces signes ne sont pas habituellement retrouvés dans les formes localisées où prédominent l’akinésie et la dyskinésie segmentaires, des fissures pariétales profondes (aspect en “pile d’assiettes”), ou de lacunes infundibulaires non opacifiées. Ces anomalies prédominent sur la paroi infundibulaire, l’apex du VD, et la face inférieure.
La biopsie endomyocardique a été utilisée dans certaines études pour dépister une DAVD dans les arythmies ventriculaires sur c?ur apparemment sain, ou pour confirmer le diagnostic déjà suspecté par les autres examens paracliniques. Néanmoins, cette méthode présente plusieurs limites. Les faux négatifs sont possibles dans les formes localisées de la maladie: la biopsie peut être négative si le prélèvement n’est pas effectué en zone atteinte. D’autre part, un infiltrat adipeux de la paroi ventriculaire droite n’est pas toujours synonyme de DAVD: Fontaliran et coll ont montré la richesse particulière d’un VD normal en adipocytes. Enfin, la biopsie endomyocardique n’est pas sans risque dans cette pathologie où la paroi du VD est particulièrement amincie et fragilisée.
En 1994, des groupes de travail des sociétés Européenne et Internationale de Cardiologie ont proposé des critères majeurs et mineurs pour le diagnostic de la DVDA: La maladie est retenue devant la présence de 2 critères majeurs, ou 1 critère majeur et 2 critères mineurs, ou 4 critères mineurs:
Critères majeurs
- DAVD familiale confirmée par une autopsie ou pièce opératoire.
- Onde epsilon ou élargissement localisé de QRS > 110 msec en V1-V3.
- Dilatation importante du VD avec diminution de la FE, sans atteinte significative du VG.
- Akinésie ou dyskinésie segmentaire du VD, anévrisme localisé.
- Dilatation segmentaire importante du VD.
- Remplacement fibroadipeux sur la biopsie endomyocardique.
Critères mineurs:
- Histoire familiale de mort subite (<35 ans) avec suspicion de DVDA.
- DAVD familiale (diagnostic fait sur ces critères).
- Ondes T négatives en V2V3 (sans bloc de branche droit, âge >12 ans).
- Présence de potentiels tardifs.
- TV à retard gauche (soutenue ou non).
- ESV fréquentes (> 1000/24 H).
- Dilatation modérée du VD et/ou diminution de la FE, sans atteinte du VG.
- Hypokinésie segmentaire du VD.
- Dilatation segmentaire modérée du VD.
Bien que cette classification soit un outil clinique utile, sa validation prospective sur une grande série n’est pas encore disponible. D’autre part, quelques localisations chromosomiques de gènes responsables de la DAVD ont été identifiés dernièrement, permettant peut être dans l’avenir d’inclure des critères génétiques dans cette grille.